Que Nintendo n’ait pas été pressé de remplacer sa première console portable hybride n’est guère surprenant. La Switch originale a révolutionné le monde du jeu vidéo et est devenue l’une des consoles les plus vendues de tous les temps.
Mais pour ceux d’entre nous qui perdent patience avec des jeux qui auraient visiblement besoin d’un peu plus de puissance (sans parler des portages à peine acceptables), une mise à jour était urgente. À première vue, une mise à jour semble être exactement ce que Nintendo a proposé avec la Switch 2, à tel point qu’elle ressemble plus à une itération qu’à une véritable nouvelle génération de consoles de jeu. Le changement de philosophie de longue date de l’entreprise de Kyoto, qui s’appuyait sur une « pensée latérale et une technologie vétuste », en fait également la console Nintendo la plus chère à ce jour.
Le prix ne se limite pas à la possibilité d’exécuter des jeux plus esthétiques. Il se passe vraiment beaucoup plus de choses ici qu’il n’y paraît au premier abord, ce qui en fait une amélioration significative.

Design : Hybride fluide
Sans chercher à bouleverser la formule, la Switch 2 reprend le principe de sa prédécesseure : c’est une tablette tactile qui offre des jeux de qualité console jouables sur le téléviseur lorsqu’elle est connectée à la station d’accueil. Vous pouvez ensuite l’emporter partout en mode portable, ou détacher les manettes pour jouer en mode table. De nouvelles consoles portables concurrentes, comme le Steam Deck et l’Asus ROG Ally, ont certes fait leur apparition au cours des huit années qui ont suivi l’arrivée des Switch, mais aucune n’a offert un changement de mode de jeu aussi fluide.
La Switch 2 reprend les caractéristiques de la Switch originale, mais en mieux. La différence la plus significative réside dans sa taille, grâce à un écran beaucoup plus grand de 7,9 pouces, contre 6,2 pouces pour la Switch originale et 7 pouces pour l’OLED. Cela signifie également que les manettes Joy-Con qui s’y fixent sont plus grandes qu’auparavant. Elle est naturellement plus lourde (535 grammes), mais reste légère par rapport à ses rivales plus imposantes, tout en conservant la finesse de la Switch de première génération.
À l’arrière de l’appareil se trouve un support pratique, presque aussi large que la console, permettant de l’installer en mode table. C’est bien mieux que la béquille fragile de la Switch originale. Je trouve toujours que celle de l’OLED est meilleure ; celle-ci est en forme de U avec un espace entre les deux, ce qui me fait craindre une usure plus importante au fil du temps. Elle est néanmoins très flexible, ce qui permet de l’ajuster à l’angle idéal, que l’on joue à un bureau ou sur la table pliante d’un avion. Tout comme l’OLED, il faut soulever le support pour accéder à l’emplacement permettant d’insérer du stockage supplémentaire. Mais avec 256 Go de stockage interne, vous disposez au moins d’une capacité bien plus importante pour commencer.
Le dock a également été nettement amélioré, avec un design incurvé élégant, plus facile à utiliser pour accéder aux boutons de déverrouillage des Joy-Con lors de leur retrait sans avoir à retirer la Switch 2 au préalable. Il est également équipé d’un ventilateur pour refroidir la console, ce qui explique les aérations supplémentaires. Sinon, le design du dock est assez similaire à celui de l’OLED, avec un rabat arrière amovible pour accéder aux ports. On trouve également deux ports USB 2.0 sur le côté.

Manettes : sont-elles vraiment cool ?
La légère poussée de croissance des Joy-Con est un atout si vous trouviez celles de leurs prédécesseurs un peu trop petites, mais le changement le plus important réside dans leur fixation à la console grâce à des aimants. Chaque manette s’enclenche parfaitement (la console produit un nouvel effet sonore similaire au clic de la Switch originale). Elles tiennent solidement en place : elles se détachent en appuyant sur un bouton situé à l’arrière, juste sous les boutons latéraux. Malgré quelques inquiétudes concernant ce positionnement, on n’a jamais eu l’impression que notre doigt glissait dessus par accident.
Chaque Joy-Con peut à nouveau être tourné horizontalement pour être utilisé comme une seule manette avec les jeux compatibles, notamment les titres de lancement Mario Kart World et Survival Kids. Les boutons SL et SR étant également plus grands que ceux de leurs prédécesseurs, les dragonnes ne comportent pas de protections supplémentaires pour les atteindre.

La nouveauté, c’est que chaque Joy-Con peut être tourné sur le côté pour fonctionner comme une souris. La fluidité avec laquelle il passe d’un mode à l’autre est époustouflante, rien qu’en le tenant. Et si vous n’avez pas de tapis de souris ou de table dans votre salon, il est tout aussi efficace de le glisser sur l’accoudoir de votre canapé. Ou sur votre pantalon. La dragonne facilite également le contrôle. Malgré cette nouveauté, ce n’est pas la façon la plus confortable de tenir une souris si vous prévoyez de l’utiliser intensivement dans un jeu comme Civ 7.
Si vous pouvez utiliser les Joy-Con pour jouer sur la télévision, que ce soit en les tenant dans chaque main ou en les attachant à un grip fourni, il est préférable d’utiliser une vraie manette. Vous n’avez cependant pas forcément besoin d’investir dans une nouvelle manette Switch 2 Pro. Toutes les manettes Switch 1 sont compatibles et le processus d’appairage est très simple.

Écran et son : une sorte de magie
L’absence d’écran OLED peut sembler un retour en arrière, d’autant plus que Nintendo sortira un modèle OLED pour la Switch 2 quelques années plus tard, une mise à niveau un peu cynique. En réalité, l’écran LCD de 7,9 pouces compense largement par d’autres atouts. Tout d’abord, son affichage 1080p vous permet enfin de jouer en Full HD portable, mais il offre également un taux de rafraîchissement de 120 Hz, permettant de jouer à certains jeux à 120 ips fluides. Bien que cette fonctionnalité soit courante sur de nombreuses nouvelles smart TV, si vous n’avez pas mis à niveau votre téléviseur depuis un certain temps, cela rend le jeu portable encore plus attrayant.
La Switch 2 prend également en charge le HDR, même si les avantages sont moins évidents en mode portable que sur le téléviseur, où vous pouvez mieux ajuster les paramètres. Que vous revisitiez Hyrule dans The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom ou que vous parcouriez les magnifiques environnements de Mario Kart World, cette luminosité améliorée est un atout majeur.

En parlant de grand écran, la Switch 2 exploite largement la technologie d’upscaling graphique DLSS de Nvidia, permettant aux jeux de s’afficher sur votre téléviseur en 4K. Nintendo a enfin rattrapé son retard sur les autres consoles majeures, même si l’image peut parfois se rapprocher du 1440p. Les éditions Switch 2 de Breath of the Wild et Tears of the Kingdom offrent toujours des graphismes nettement plus nets que la Switch d’origine.
L’audio est tout aussi remarquable. La Switch 2 est équipée de meilleurs haut-parleurs prenant en charge le son surround virtuel. Vous n’êtes donc pas obligé d’utiliser un casque pour une expérience audio optimale. Elle intègre également un microphone compatible avec le système GameChat de la console, qui vous permet de discuter avec vos amis en appuyant sur le bouton C du Joy-Con droit. Une caméra peut également être connectée via le port USB-C situé sur le dessus de l’appareil, ce qui permet de vous afficher et de diffuser votre jeu simultanément, comme si vous diffusiez du contenu avec vos amis. Ce qui est remarquable, c’est que même avec le micro intégré, il capte votre voix même assis sur votre canapé, sans avoir à crier pour être entendu. Pour des générations de joueurs portant un casque, cette adaptation peut être difficile, mais elle simplifie grandement le chat vocal. Il dispose même d’une fonction de réduction de bruit permettant de supprimer d’autres bruits, comme ceux d’un aspirateur ou d’une sonnette.

Performances et autonomie : des jeux boostés, mais payants
Le matériel de la Switch originale peinait souvent à suivre les avancées technologiques du jeu vidéo, certains « ports impossibles » étant loués pour leur simple fonctionnement, même avec des fréquences d’images exorbitantes. La Switch 2 bénéficie d’une puissance nettement supérieure, grâce à un processeur Nvidia Tegra T239 personnalisé. On pourrait dire qu’elle est comparable à une PS4 ou, plus précisément, à un Steam Deck.
Ce ne sont cependant pas des comparaisons tout à fait exactes. Alors que la console portable de Valve peut faire tourner des jeux AAA puissants avec des réglages bas moyennant quelques ajustements, les jeux de la Switch 2 sont développés et optimisés spécifiquement pour les capacités de la console. Ses composants internes allient technologies de dernière génération et modernes, avec des taux de rafraîchissement variables (VRR), le ray tracing (bien qu’aucun jeu ne le prenne en charge à ce jour), le DLSS mentionné plus haut qui améliore la résolution sans compromettre la fluidité des fréquences d’images, et des vitesses de chargement bien plus rapides. Résultat : cette console portable peut faire tourner Cyberpunk 2077 (un désastre à sa sortie sur PS4), y compris son extension Phantom Liberty. Ne vous attendez pas à 120 im/s sur les titres les plus exigeants graphiquement, mais grâce à la technologie de rafraîchissement variable, le jeu en monde ouvert de CD Projekt Red est très jouable à 40 im/s.
Tout cela a un prix, notamment en termes d’autonomie. Malgré une batterie plus puissante de 5 220 mAh, comparée aux 4 210 mAh de son prédécesseur, l’autonomie se situe entre 2 et 6,5 heures, ce qui n’est pas mieux. Cyberpunk 2077: Ultimate Edition consommait un pour cent pour presque chaque minute de fonctionnement, mais même Deltarune, un jeu indépendant apparemment low-fi, a affiché un peu moins de 4h30 en mode portable.
Il va sans dire que si vous prévoyez d’emporter votre Switch 2 pour de longs voyages, une batterie externe est indispensable. Au moins, le port USB-C supplémentaire facilite grandement la charge en mode table. Vous pouvez également régler les paramètres pour que la Switch 2 ne soit chargée qu’à environ 90 % plutôt qu’à pleine charge à chaque fois qu’elle reste branchée, pour une meilleure autonomie à long terme. Il est également important de noter que la Switch 2 consomme plus d’énergie et est donc livrée avec un adaptateur secteur de 50 W ; l’adaptateur secteur de 39 W de l’ancien modèle en mode station d’accueil ne suffit tout simplement pas.

Bibliothèque de jeux : retrouvez tout
Si vous effectuez une mise à niveau depuis une ancienne Switch, vous pouvez transférer l’intégralité de votre profil utilisateur vers votre Switch 2, soit sans fil en rapprochant les deux appareils, soit en le téléchargeant sur un serveur cloud que la nouvelle console pourra ensuite recevoir lors de la première configuration. Ce processus ne nécessite pas non plus d’abonnement au service Nintendo Switch Online, bien que recommandé car vous aurez également accès aux jeux GameCube dans la bibliothèque Nintendo Classics. Si vous comptez conserver votre ancienne console, sachez que le nouveau système de cartes de jeu virtuelles peut vous empêcher d’accéder à votre bibliothèque de jeux, sauf si vous revenez à l’ancien système de licences en ligne. Cela signifie toutefois que deux personnes ne peuvent pas jouer simultanément au même jeu sur le même compte.
Mais comme il s’agit d’une console de suite, l’avantage est que vous pouvez transférer l’intégralité de votre bibliothèque de jeux de la Switch 1 vers la Switch 2. Ainsi, même si vous n’avez rien acheté de nouveau avec la console, vous disposerez toujours d’un riche catalogue à explorer. Ne les retéléchargez pas tous en même temps, car cela consommerait rapidement les 256 Go de stockage interne, et les nouvelles cartes microSD Express que vous devez acheter pour augmenter le stockage ne sont pas bon marché.
Certains jeux ont également bénéficié d’améliorations significatives. Breath of the Wild et Tears of the Kingdom sont disponibles en édition Switch 2, débloquables moyennant une petite mise à niveau. Ces améliorations améliorent non seulement considérablement la résolution et la fréquence d’images, mais réduisent également le temps de chargement et introduisent de nouvelles fonctionnalités grâce à l’application Nintendo Switch, Zelda Notes, également repensée.
La plupart des jeux Switch 1 ont bénéficié de mises à jour gratuites qui améliorent leur fonctionnement sur la nouvelle console. Le plus notable est Pokémon Scarlet et Violet, qui fonctionnait mal sur Switch 1, mais qui tourne désormais en 4K 60 FPS. Autre avantage : certains jeux Switch 1, comme Super Mario 3D World, bénéficient de la nouvelle fonction GameShare, qui permet de partager des jeux avec des amis, en personne ou en ligne, lorsqu’une seule personne doit posséder le jeu. Dans la plupart des cas, cette fonctionnalité fonctionne même entre les consoles Switch 2 et Switch 1. Même les jeux qui n’ont pas eu de patch dédié comme Bayonetta 3 ou Hyrule Warriors : Age of Calamity fonctionnent au moins à une fréquence d’images plus stable que sur leur matériel d’origine.
Il peut paraître étrange de passer autant de temps à parler d’anciens jeux plutôt que de nouveaux, mais c’est aussi dû au fait que la gamme de lancement de la Switch 2 est elle-même plutôt pauvre en nouveautés. Nombre d’entre eux sont des portages, même s’il ne s’agit plus de versions « cloud » compromises ou douteuses, comme Hitman : World of Assassination – Édition Signature, ou au mieux de sorties cross-gen comme Rune Factory : Guardians of Azuma, que vous auriez pu acheter sur la Switch 1, même si vous bénéficierez d’une meilleure expérience sur la nouvelle console.
Mais comme pour la Switch originale, Nintendo ne compte pas tout abandonner d’un coup. Mario Kart World est un jeu incontournable pour commencer, et avec Donkey Kong Bananza prévu le mois prochain, ainsi que Metroid Prime 4 : Beyond et Pokémon Legends Z-A confirmés pour plus tard cette année, on peut s’attendre à une bonne cadence de sorties propriétaires.
Verdict Nintendo Switch 2
Certains puristes pourraient râler, jugeant qu’une mise à jour itérative est très peu Nintendo. Mais pour beaucoup, la Switch 2 est tout simplement la console la plus haut de gamme jamais conçue par Nintendo, et la mise à niveau à la fois puissante et légère que nous attendions.
Ce haut de gamme a bien sûr un prix, tant en termes de stockage que d’autonomie, même si ce n’est pas le cas des autres consoles portables puissantes actuellement sur le marché. Bien qu’aucun prix n’ait encore été confirmé pour la gamme ROG Xbox Ally récemment dévoilée, on a le sentiment que la Switch 2 pourrait bien être une bonne affaire en comparaison.
Les nouvelles fonctionnalités ne sont pas toutes attrayantes – GameChat et GameShare sont de véritables innovations, tandis que la fonction souris semble trop novatrice et peu ergonomique – mais la plupart des améliorations contribuent à une expérience de jeu hybride bien meilleure et plus fluide qu’auparavant.
Bien sûr, un titre plus imposant comme un nouveau Mario ou un nouveau Zelda aurait bien plus enthousiasmé les joueurs au lancement, mais ce n’est que le début d’une nouvelle génération pour Nintendo. Et une fois que vous l’avez entre les mains, il est juste de dire que son prédécesseur a eu une bonne longue période, mais il est temps de jouer à nouveau avec la puissance.