Nous pensions, il faut bien l’avouer, Samsung persévérait avec le QLED non pas parce que l’entreprise avait une espèce de foi presque religieuse envers cette technologie, mais plutôt parce qu’elle n’arrivait pas à admettre sa défaite et à demander de l’aide à LG, son rival Sud Coréen, afin d’obtenir des écrans OLED.
Nous n’étions d’ailleurs pas les seuls à penser cela, pointer la supériorité de l’OLED aurait été trop facile, que ce soit pour ses angles de vue, la profondeur de ses noirs et la finesse de son écran, tout en traitant le QLED comme une sous-marque : presque aussi bien, mais tout de même inférieur. Mais oui, vraiment, malgré son prix qui vous arrachera quelques larmes, cette TV 65 pouces est sans doute la meilleure TV que Samsung ait jamais conçu? Ce qui veut dire, par extension, que c’est l’une des meilleures TV que vous pourrez acheter.
Design et conception : fine comme du papier
Comme nous le savons tous, lorsqu’une TV est éteinte, ce n’est pas son apparence qui va vous convaincre de l’acheter (sauf si c’est une Bang & Olufsen, mais dans ce cas vous avez bien plus d’argent que de raison). Mais en même temps, le fait qu’une TV puisse faire sentir le prix qu’elle a coûté lorsqu’elle n’est pas branchée reste un détail important. Et la QE65Q90R en est capable. Comme elle utilise une technologie de rétro-éclairage LCD, elle n’a pas la finesse à couper le souffle d’une TV OLED : nous vivons désormais dans un monde où une TV de plus de 4 cm d’épaisseur (comme celle-ci) semble un peu épaisse. Mais elle a été conçue avec précision, avec des finitions aux petits oignons, et sans que les bords ne prennent trop de place.
Il est possible de la fixer à un mur (elle pèse par contre son poids du haut de ses 28 kg, marquant encore une différence avec les écrans OLED. Ne l’accrochez-donc pas à une cloison en placo), et le pied central permet non seulement à la Q90 d’être placée sur un meuble de taille normale, mais est aussi suffisamment spacieux pour placer une barre de son en dessous de votre TV.
Caractéristiques : très versatile
On avoue avoir du mal à comprendre pourquoi les autres marques n’ont jamais copié le boîtier One Connect de Samsung. Mettre toutes les connexions de la TV à part (et dans notre cas on parle de quatre ports HMDI, trois ports USB, une sortie optique, un port LAN, deux tuners satellites, une prise pour antenne et l’alimentation générale) et ne garder qu’un câble très fin dépasser de l’écran est une solution élégante à un problème vexatoire.
Mais savoure tant qu’il en est encore temps, Samsung, parce que le One Connect va plus que probablement “inspirer” les autres grands constructeurs TV dans un futur proche. Officiellement, les ports HDMI ne sont pas en 2.1 ; mais certaines options proposées par le 2.1 (comme le Variable Refresh Rate) sont déjà présentes et il y a des chances qu’une mise à jour soit effectuée en temps voulu.
Pour ce qui est des applications, Samsung en offre à la pelle : Netflix et Amazon (dans leur version complète 4K HDR, notamment le fameux HDR10+ d’Amazon) sont en plus accompagnés, notamment, de Google Play TV et Movies. Les applis iTunes doivent arriver le mois prochain. En plus de la HDR10+, la Q90 supporte également la HDR10 et la HLG mais pas la Dolby Vision. Les vendeurs risquent d’ailleurs d’avoir un peu de mal à justifier efficacement auprès de leurs clients pourquoi ils devraient se séparer de la meilleure qualité d’image pour favoriser ses trois petites sœurs. La Dolby Vision n’est peut-être pas encore le succès intégral prévu par Dolby, mais une TV à ce prix devrait vraiment avoir toutes les options possibles.
Interface : pensée pour le confort de vos yeux
“Pléthore” est le mot qui vient à l’esprit quand on parle des contrôles de la Q90. Deux télécommandes sont fournies avec le boîtier : une première avec toutes les options et boutons possibles, et une autre plus fine et minimaliste. On trouve également l’appli de contrôle de Samsung, “SmartThings”, logique et simple à utiliser, ainsi qu’Alexa et l’Assistant Google. Peu importe la méthode que vous choisirez, vous aurez le plaisir d’être au contrôle de la plus propre, de la plus claire et de la plus simple des interfaces du monde des télévisions. Elle est fluide, logique, sensée. C’est un gros avantage, que vous vouliez changer de chaîne, sélectionner un service de streaming ou explorer les menus de paramètres pour essayer d’obtenir le traitement d’image que vous souhaitez.
Performances : une puissance équilibrée
Quelques caractéristiques dans le traitement d’image de Samsung s’avèrent révélatrices, chacune d’entre elles réduisant toujours plus l’écart entre le QLED et son adversaire de toujours, l’OLED. Ce sont ses niveaux de noir et ses angle de vision élargis.
Aucune TV LCD avant elle n’avait pu profiter d’angles de vision comparables à ceux de la Q90. Samsung a offert une couche de plus à son écran pour prévenir d’éventuelles fuites de rétroéclairage ainsi que pour concentrer la lumière là où elle doit être. Cette caractéristique porte donc le nom d’Angle de Vision Infini et fonctionne comme son nom l’indique : même en regardant la télé sans être en face de celle-ci, l’expérience offerte par ses couleurs vibrantes, la profondeur de ses tons de noir et l’étendue de ses contrastes n’est pas amoindrie.
D’un seul coup, Samsung s’est appropriée l’un des arguments de vente les plus exceptionnels de l’OLED. Un beau bout de chemin a été également parcouru pour arriver au même niveau que son rival en termes de noirs et de détails. La QLED 4K de l’an dernier proposait des noirs de haute qualité, mais elle avait dû faire l’impasse sur la qualité des détails dans sa quête pour rattraper l’OLED. La 8K monstrueuse de Samsung, sortie plus tôt dans l’année, a obtenu le résultat inverse : un niveau de détail prodigieux en échange de tons de noirs de basse qualité. Mais la Q90 représente un équilibre brillant entre la profondeur de ses noirs digne d’une TV OLED et son niveau de détails plus que satisfaisant.
Un coup d’oeil à l’excellente version Blu-ray 4K du film “Le Prestige” de Christopher Nolan confirme tout cela : même lorsque Christian Bale broie du noir dans les ténèbres de sa cellule de prison, les détails de son uniforme et de sa literie sont incroyablement nets. Ces progrès significatifs rapprochent encore cette TV QLED de la qualité OLED. Et sur tous les autres points possibles, la Q90 est si bien équipée qu’elle vous comblera forcément, d’une manière ou d’une autre.
Sa palette de couleur est naturelle et extensive : elles sont vives mais pas exagérée. Les contrastes sont réellement bien gérés ; même une chose aussi prosaïque que l’avertissement FBI au début du film, c’est-à-dire du texte blanc sur fond noir, ressort très bien. Regarder “Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2” sur Netflix illustre à quel point la TV de Samsung fait ressortir les contrastes sans pour autant sacrifier la qualité des détails. Samsung annonçait 2000 nits pour son pic de luminosité, ce qui nous semble tout à fait plausible. Le même visionnage démontre à quel point la Q90 fait bien son travail quand il s’agit de passer au format 4K. L’image est nette et précise, en montrant à peine l’effort que produit la TV pour remplir son écran.
Le seul point sur lequel la TV de Samsung a encore un peu de retard serait le traitement de l’image, plus particulièrement du mouvement. Son paramètre par défaut pour le traitement du mouvement, le mode “Auto”, paraît vraiment peu naturel dans les moments les plus extrêmes – il est possible d’affiner cela dans la section “Custom” du menu des paramètres, mais la TV s’entête à conserver un flou et un bruit très léger quand le mouvement devient un réel challenge pour elle. Les fines bandes au bas d’un maillot du Manchester United pendant le Match du Jour sur iPlayer sont superbement détaillées quand celui qui le porte est immobile, mais une fois que celui-ci est parti dans un sprint effréné, elles deviennent moins nettes et quelques artéfacts apparaissent.
Au niveau du son, cette Q90 impressionne en dominant les standards des TV LCD : elle nous propose une profondeur raisonnable, une définition impressionnante et un large éventail de sons. Bien entendu, cela va sans dire que la plus petite des barres de son vous fera tomber de votre chaise avec les performances de la TV de Samsung, et puisque l’entreprise a justement pensé à laisser de la place pour une barre de son dans le design de la Q90, il serait dommage de ne pas en profiter. Après tout, si vous avez dépensé plus de 4000 € pour une TV, vous devriez réellement investir encore un peu pour amener le son au même niveau que l’image.
Samsung QE65Q90R : le Verdict
Samsung a enfin prouvé qu’il avait raison depuis le début : le QLED peut rivaliser avec l’OLED sur tout les aspects. Cette QE65Q90R n’a peut-être pas toute la finesse désirée par le grand public, mais ses prouesses en image sont désormais égales à celles des technologies les plus glamours. L’équilibre des couleurs, la luminosité, les contrastes et l’upscaling n’ont jamais été aussi bons, et ils sont à présent soutenus par d’excellents angles élargis, et une incroyable profondeur des noirs accompagnés de détails au même niveau.
Soyons réalistes : les seules améliorations que Samsung pourrait faire se feraient au niveau de son traitement du mouvement. Si l’entreprise réussissait à améliorer cela, alors l’une des meilleures TV trouvable de nos jours aurait de grandes chances de devenir la meilleure d’entre elles, purement et simplement.