Si Nissan a été l’un des précurseurs de l’auto électrique avec la formidable Leaf, la suite de la fusée a eu un peu de mal à décoller. Il a fallu attendre de nombreuses années une montée en gamme. L’Ariya, SUV d’un beau gabarit, relève le flambeau avec brio. Par Philippe Guillaume
C’est quoi ?
Avant de se demander ce que c’est, regardez-le ! L’Ariya est intéressant, non, avec ses volumes conséquents (4,59 m de long, 1,85 m de large) mais parfaitement bien proportionnés, sa face avant lisse comme un galet et ceinturée de LEDs, son toit noir, son empattement généreux, il interpelle et ne laisse pas indifférent. Difficile, d’ailleurs, de lui donner spontanément une appartenance : et pourtant, voici la nouvelle offre de Nissan en matière d’auto électrique, Nissan qui fut pourtant précurseur en la matière avec la Leaf (souvenez-vous, elle fut élue « world car of the year » en 2011, à l’occasion de son lancement), une Leaf entièrement revue en 2018, mais qui se reposait un peu sur ses lauriers, au moment où l’offre électrique des constructeurs commençait à s’intensifier de partout. Et justement, alors que les SUV électriques sont pléthore, il était temps que Nissan réagisse. C’est chose faite avec l’Ariya.
Justement, qu’est-ce qu’il y a de nouveau ?
Ben tout ! Mais quand même : bien que ce ne soit pas l’amour fou entre Nissan et Renault (Carlos G., nous te saluons bien bas, l’étui à contrebasse, c’était un coup de génie !), l’Ariya partage une partie de ses composants avec la Renault Megane E-Tech électrique, chose impossible à deviner tant les deux autos sont différentes esthétiquement. Toutefois, les batteries du Nissan viennent de chez CATL (celles de la Renault de chez LG), et quand la Megane, certes plus compacte, s’en tient à 60 kWh, la Nissan Ariya propose 87 kWh, au bénéfice de l’autonomie. Par contre, le moteur est identique, même si Renault propose 220 ch et Nissan 242 ch, dans notre version d’essai. Mais dans les deux cas, le couple est identique, avec 300 Nm.
Et sous le capot ?
On s’en doute : l’Ariya n’existe qu’en version 100 % électrique. 242 ch, 300 Nm, 87 kWh, on l’a dit, c’est pas mal du tout comme équation, puisque cela permet des performances correctes malgré le poids (le 0 à 100 est couvert en 7,6 secondes, et l’on passera rapidement sur la vitesse de pointe, anecdotiquement bridée à 160 km/h). Par contre, cette capacité de batterie, couplée avec une aérodynamique soignée, est censée garantir 525 kilomètres d’autonomie. C’est un rien optimiste, même si lors de notre essai, l’Ariya a démontré une belle efficience énergétique. Attention, toutefois, il y a un gros écart de tarif entre l’Ariya de base (moteur de 218 ch, « petite » batterie de 63 kWh) et celui qui coiffe la gamme (deux moteurs électriques, 394 ch, grosse batterie de 87 kWh). Pour notre part, nous avions à l’essai une version qui peut passer pour la plus cohérente : grosse batterie de 87 kWh, moteur de 242 ch (ça suffit), et finition soignée…
Et au volant, ça donne quoi ?
Première chose : waouh ! Ça, un Nissan ? On s’était déjà fait la réflexion lors d’un récent essai du X-Trail avec son originale motorisation e-Power (un moteur thermique jour le rôle de générateur pour deux moteurs électriques) et ce constat est plus valable que jamais. C’est fini, les Nissan à l’intérieur fade et en plastique : la montée en gamme est vraiment sensible et l’on se rapproche très fortement du premium allemand, sorte de référence en la matière ! Ergonomie, qualité des matériaux et des sièges, soins apportés aux détails (la finition des contre-portes, le liseré sur la planche de bord), inserts façon bois avec commandes tactiles (très, très classe !), console centrale flottante et commandée électriquement, clarté de la sono (Bose Premium sur notre modèle d’essai – d’autant que dans un univers assez tactile, on trouve encore une molette pour le réglage du volume) et de l’info-divertissement, sur ces aspects cruciaux, il n’y a pas de doutes à avoir : Nissan est entré dans la cour des grands.
Ensuite, on sait que les voitures électriques ont tendance, dans la plupart des cas, à vous mettre dans un esprit assez zen, et à vous isoler de toute forme de sensation de conduite épicée. C’est évidemment le cas de cet Ariya, violemment neutre et en même temps très serein dans ses performances et ses réactions. C’est ce qu’on demande avant tout à un SUV électrique, non, d’autant que la technologie ProPilot 2.0 est quasiment capable de conduire à votre place ! Régulateur de vitesse adaptatif, système de changement de voie, l’Ariya est moderne… Et côté autonomie, en roulant raisonnablement, nous avons réalisé un score proche des consommations officielles : pas mal du tout, donc, puisque cela veut dire qu’en conditions réelles l’autonomie dépasse les 400 kilomètres !
Son point fort ?
Look, équipement, qualité de la finition : l’Ariya fait oublier, et pas qu’un peu, les Leaf de première génération. Nissan revient dans l’électrique, et il faut le souligner ! Et puis, avec cet Ariya, Nissan se (re-) découvre plein de panache. Une version étonnamment préparée va relier le Pôle Nord au Pôle Sud. En électrique, tout est possible ?
Le verdict de Stuff
Plus de 400 kilomètres d’autonomie en usage réel, le score est très honorable pour un SUV de ce gabarit. Après avoir fait de la Leaf, à son époque, l’auto électrique la plus vendue au monde, Nissan mérite de retrouver les accessit avec cet Ariya bien né et à la présentation fort flatteuse…
Les chiffres clé
Moteur : moteurs électrique synchrone à aimants permanents ; Cylindrée : – Puissance : 242 ch ; Couple : 300 Nm ; Boîte de vitesse : continue ; Poids : 2121 kilos ; Vitesse maxi : 160 km/h ; 0 à 100 km/h : 7,6 secondes ; Conso officielle / de l’essai : 18 kWh /100 / 18,5 kWh/100 ; Prix : gamme Ariya à partir de 43300 €, version d’essai Evolve à partir de 56800 €