Si l’électrification fait sens chez les autos citadines, cette sculpturale Maserati GranTurismo Folgore démontre que c’est également pertinent chez les coupés de grande classe, contre toute attente. Une auto surprenante, agréable et terriblement performante. Par Philippe Guillaume
C’est quoi ?
Il y a deux ans, Maserati a remis à jour son coupé GranTurismo : dans cette sculpturale auto reprenait certes le nom et l’allure générale de la première génération (2007-2019), mais la technologie n’avait rien à voir et l’auto était entièrement nouvelle : nous vous en avons proposé un essai, en version Trofeo, avec le V6 3.0 de 550 chevaux. Ainsi, Maserati perpétuait la tradition des coupés de Grand Tourisme, un genre que la marque de Modène a quasiment inventé avec la 3500 GT de 1957, puis a entretenu avec les Bora, Khamsin, Biturbo… Maserati innove à nouveau avec la version Folgore de sa GranTurismo.
Justement, qu’est-ce qu’il y a de nouveau ?
Pas mal de choses, en fait. Sur la base d’une GranTurismo de dernière génération, une auto qu’il faut admirer dans le détail (regardez les optiques à LEDs, les échancrures dans la jonction entre le capot et la calandre…), pour constater les proportions parfaites, l’élégance naturelle (pas besoin d’ailerons disproportionnés ou d’une calandre démesurée pour s’imposer…), la Folgore en impose. Un œil avisé remarquera l’absence de sorties d’échappement, mais sinon, elle est proche de la version thermique.
Et sous le capot ?
Fini le V6 biturbo de la version Trofeo : la Folgore n’embarque pas moins de trois moteurs électriques, un à l’avant, et un sur chacune des roues arrière. C’est donc une quatre roues motrices. La batterie de 92,5 kWh est constituée de cellules LG. Les unités de puissance font chacune 400 ch, mais, en électricité, les additions sont complexes et le total est donné à 761 chevaux et un couple absolument monstrueux de 1350 Nm (550 ch et 750 Nm pour le V6 Trofeo, qui dépote déjà pas mal !). Ainsi, les chiffres de performances sont tout simplement époustouflants : le 0 à 100 km/h est couvert en 2,7 secondes (3,5 pour la Trofeo), et la vitesse de pointe est affichée à 325 km/h (320 pour la Trofeo). Ce n’est pas tout : l’électricité en 800V permet des recharges très rapides et la Folgore peut récupérer jusque 400 W de régénération au freinage.
Et au volant, ça donne quoi ?
On est avant tout dans une Maserati : l’intérieur est impeccable, les sièges en cuir offrent une excellente synthèse entre maintien et confort et les deux places à l’arrière conviendront à de jeunes adolescents. La finition est impeccable, l’horloge au centre de la planche de bord est un clin d’œil historique aux pratiques de la marque, même si elle est désormais digitale. On appuie sur le bouton start, on pousse un autre bouton, Drive, pour la boîte de vitesse… et la Folgore avance sans aucun bruit. Certes, on peut penser qu’une forme de folklore mécanique fait partie de l’univers Maserati (le bruit du V8, tout ça…) mais il faut rappeler que sur les dernières MC20 et GranTurismo, le bruit du V6 n’avait rien de profondément transcendant. On oublie rapidement ce fait, pour découvrir une auto qui, certes demande un peu d’habitude en ville (près de 5 m de long, 1,96 m de large…), mais qui, ensuite, est d’un confort et d’une facilité admirables. Malgré la puissance, la précision des commandes, le feeling de l’accélérateur, les freins puissants mais parfaitement dosables font que c’est une vraie GT, une auto douce et confortable pour vous passagers. Entre la bonne sono Sonus Faber (développée spécialement pour Maserati) et la bonne gestion des bruits d’air, les kilomètres défilent sans soucis, d’autant que le châssis, là encore, est bien calibré pour le confort. A l’approche des premières courbes, on découvre une voiture précise malgré le poids (il y a près de 500 kilos d’écart avec la version thermique), sans prise de roulis. Et puis, il y a ces reprises, ces accélérations : 761 ch, 1350 Nm, votre orteil droit est un passeport pour l’hyperespace : accélérez, téléportez-vous ! La Folgore s’écrase sur son train arrière et raccourcit les distances avec une force peu commune, encore plus si l’on sélectionne les modes de conduite (GT, Sport, Corsa) sur la molette au volant. En usage plus raisonnable, on apprécie la consommation mesurée (qui permet plus 400 kilomètres en usage mixte et encore plus de 300 sur autoroute à 130 km/h), et, on l’a vérifié, la recharge ultra rapide (on passe de 40 à 80 % de batteries le temps de prendre un café).
Son point fort ?
On ne pensait pas vivre d’émotions particulières : une auto électrique, ça fait whizzz, ça pousse, éventuellement, mais à conduire, c’est très, très fade. Mais pas la Maserati, grâce à l’excellence de sa conception et de sa mise au point. On profite de l’instant, on oublie même parfois que l’on est dans une auto électrique pour savourer le fait que l’on est dans une Maserati, les kilomètres défilent, cette auto, c’est Jekyll & Hyde, le confort et les performances réunies ! On terminera sur le fait que cette Folgore est la plus performante des GranTurismo, mais aussi la plus abordable (la V6 Modena de 490 ch doit, elle, se taper les 60 000 € de malus « écologique »), et que chez Maserati, les personnalités de personnalisation sont très étendues !
Le verdict de Stuff
Maserati pense que la Folgore représentera 50 % des ventes de la GranTurismo. L’avenir nous le dira, mais la démonstration est éblouissante et sur le créneau du très haut de gamme, la GranTurismo Folgore n’a pas de concurrente, à part la Rolls Royce Spectre, qui vaut plus du double, ou, en berline à quatre portes, une Porsche Taycan…
Les chiffres clé
Moteur : trois moteurs électriques
Cylindrée : –
Puissance : 761 ch
Couple : 1350 Nm
Boîte de vitesse : continue
Poids : 2260 kilos
Vitesse maxi : 325 km/h
0 à 100 km/h : 2,7 secondes
Conso officielle / de l’essai : 23 kWh/100 / 23,4 kWh /100
Prix : gamme à partir de 181 350€, version d’essai Folgore à partir de 199 950 €