On a souvent reproché aux autos françaises de manquer d’ambition, d’un point de vue mécanique, pour avoir une vraie carrière internationale. Le Renault Espace se dote d’un nouveau moteur 2.0 dCi de 200 chevaux : ça pourrait changer la donne… Par Philippe Guillaume
• C’est quoi ?
Souvenez-vous : en 1984, Renault, en collaboration avec Matra, lance un curieux véhicule cubique. La première année, c’est un bide commercial absolu et il ne se vend qu’à une poignée d’exemplaires. Puis la mayonnaise monte : le public commence à comprendre l’intérêt de sa modularité, de la luminosité qui règne à bord, et, conformément au slogan publicitaire qui, pour une fois, vise juste, découvre que le vrai luxe, c’est l’espace. L’Espace était donc lancé (191 000 exemplaires vendus pour la première génération, plus de 300 000 pour chacun des autres) : en effet, il a connu depuis plusieurs séries : le II (1991), le III (1996), le IV en 2002 et le V, qui nous concerne, présenté en 2015.
• Quoi de neuf dans celui-ci ?
Pour diverses raisons, parmi lesquelles la fiscalité (souvenez-vous de la super vignette de la fin des années 70 !), les autos françaises ont toujours été timides sur le plan de leur motorisations. A son lancement, l’Espace V ne pouvait compter que sur deux moteurs 1.6 (essence : 200 ch, Diesel : 160 ch), ce qui était un peu juste dans l’absolu (l’engin pèse quasiment 1800 kilos et mesure 4,85 m de long, il faut un peu d’énergie pour se mouvoir) et pour percer sur d’autres marchés (Allemagne, Suisse, Autriche, Grande-Bretagne) qui demande des motorisations un peu plus punchy. Du coup, Renault a rectifié le tir avec le 1.8 essence de 225 ch en 2018, et ce nouveau 2.0 Diesel, appelé BluedCi, qui sort 200 chevaux.
• Et c’est important ?
Oui, en fait : car l’Espace se vend en priorité à des flottes d’entreprises, là où le Diesel est encore majoritaire car les autos couvrent beaucoup de kilomètres. Et en réalité, ce moteur apporte deux choses intéressantes. La première, c’est un supplément de performances : la vitesse de pointe passe de 200 à 215 km/h et les accélérations, de 0 à 100, gagnent un seconde en étant désormais couvertes en 9,1 s. Vous allez me dire que tout ça, on s’en fout. Et vous aurez raison. Il n’empêche que qui peut le plus, peut le moins. Le nouvel Espace, c’est 40 ch et 60 Nm de couple de plus, et que ce supplément de punch, on le sent dès les plus bas régimes. De fait, au quotidien, il est plus réactif, plus vif, tout en restant assez discret : à bas régime, la sonorité de son moteur Diesel ne se fait pas trop entendre et c’est bien.
• Et au volant, ça donne quoi ?
Dans la finition « Initiale Paris » de mon modèle d’essai, qui représente un Espace vendu sur deux, on est installé dans des sièges en cuir (bicolore) très confortables, avec une position de conduite parfaite et un beau silence à bord. Le système d’info-divertissement Renault, appelé R-Link, demande un petit peu d’habitude mais se révèle ensuite assez intuitif. Après, sur la route, on apprécie la belle connexion et la belle réactivité de l’ensemble moteur & transmission (et ce, sans palettes au volant) qui donne à cet Espace un bel allant en toutes circonstances. Le châssis dispose de 4 roues directrices, et du coup, l’agilité est assez remarquable au vu du gabarit. Enfin, le confort reste la qualité marquante de cette auto.
• Son point fort ?
Un côté assez statutaire, grâce à son design réussi et ses dimensions qui se démarquent face au tout venant des autos du marché. Ensuite, le confort est royal, l’agrément moteur / boîte est réel et le surcroit de performances est bien appréciable au quotidien.
Le verdict de Stuff
Dans un monde de plus en plus régi par les SUV, Renault faisait de la résistance avec un Espace qui reste centré sur ses valeurs propres : de l’espace à bord, de la luminosité, un certain art de vivre. Et ce nouveau moteur lui donne un bel allant, appréciable au quotidien en ville comme sur la route.
Les chiffres clé
Moteur 4 cylindres en ligne, 1997 cm3, turbo-Diesel
Puissance : 200 ch à 3500 tr/mn
Couple : 400 Nm à 1750 tr/mn
Boîte de vitesse : auto à double embrayage, 6 rapports
Poids : 1804 kilos
Vitesse maxi : 215 km/h
0 à 100 km/h : 9,1 secondes
Conso officielle / de l’essai : 5,3 l/100 / 8,2 l/100
Prix : à partir de 48 300 € (modèle d’essai à partir de 52300 €)