Pour embrasser l’avenir, Lotus tourne résolument le dos à son passé avec une nouvelle offre de berline et SUV électrique. Performances et raffinement sont au rendez-vous. Essai d’une auto qui fait tourner les têtes ! Par Philippe Guillaume
C’est quoi ?
C’est évidemment un des piliers de l’histoire de l’automobile ! Créée en 1952, la firme Lotus a remporté 7 titres de champion du monde de Formule 1 et s’est distinguée par une production automobile parfois décalée mais toujours sportive, parmi lesquelles on trouve la Lotus Seven du Prisonnier, ou encore l’Esprit de James Bond, celle avec les skis sur le toit, et qui finira en mode sous-marin ! Ces dernières décennies, Lotus produisait des petites sportives (Elise, Exige), fidèles à la doctrine du fondateur de la marque, Colin Chapman, qui pensait avant tout que « light is right », que le secret de la performance résidait dans la légèreté des autos. Mais ça, c’était avant. Que penserait-il d’autos de plus de 900 chevaux et de plus de 2,5 tonnes ? On ne le saura jamais. C’est qu’il faut vivre avec son temps. Et en parlant de temps, Lotus est depuis 2017 dans le giron du groupe chinois Geely (qui possède aussi Volvo, les taxis CaoCao, une partie de Smart et le géant du deux-roues QJMotor…).

Justement, qu’est-ce qu’il y a de nouveau ?
Le business model de Lotus aujourd’hui repose aujourd’hui sur deux beaux engins : la berline Emeya et le SUV Eletre (ça se comprend, les petites sportives radicales, ça fait rêver les petrolheads européens, mais pas les nouveaux riches ailleurs sur la planète, pour qui il faut du prestige et du clinquant). De fait, Emeya comme Eletre partagent la même plateforme, les moteurs, les batteries, et les codes esthétiques bien tranchés qui, dans un cas comme dans l’autre, leur assurent une très belle présence sur la route.

Et sous le capot ?
Dans les deux cas, un duo de moteurs életrique apporte déjà la puissance respectable de 612 chevaux en « entrée de gamme » ( !), tandis que le haut de gamme, c’est carrément 918 chevaux qui sont disponibles (256 km/h en vitesse de pointe, le 0 à 100 km/h couvert en 2,7 secondes !). Nous avions la version 612 chevaux à l’essai, qui offre déjà des performances remarquables : 250 km/h en vitesse de pointe, le 0 à 100 km/h couvert en 4,1 secondes, et offre jusque 580 kilomètres d’autonomie, grâce à ses batteries de 102 kWh. Dernière chose : Lotus promet des recharges hyper rapides, grâce à son câblage en 800 V et sa capacité à encaisser plus de 300 kW sur les bornes dédiées.

Et au volant, ça donne quoi ?
Il est terminé, le temps des Lotus spartiates, à l’intérieur étriqué et la finition approximative. Avec l’Emeya et l’Eletre, Lotus est clairement entré par la grande porte dans la cour du premium. D’abord, avant de s’installer à bord, regardons encore une fois cette allure effilée et galbée, cette ligne délicieuse sanctionnée par un excellent Cx de 0,21, gage d’une capacité à fendre l’air à nulle autre pareille. Entre les proportions (5,14 m de long, 2 m de large, 1,49 m de haut), l’allure ramassée, le design des optiques à l’avant comme à l’arrière, l’Emeya apporte réellement quelque chose de nouveau et de différent au monde automobile. Ensuite, on découvre un intérieur moderne, avec un grand écran central de 15,1 pouces, d’excellents sièges, et un espace à bord plutôt correct. La finition est excellente, avec de l’Alcantara, du cuir, du carbone, du vrai métal : pas de doutes, l’Emeya se situe au niveau du tarif demandé, tout comme cette sono KEF à l’excellente restitution. Bien sûr, l’ergonomie demande un peu d’habitude, mais l’on se sent rapidement bien à bord.

Ensuite, l’Emeya appartient bien évidemment au cercle fermé des autos électriques d’exception : car, il faut l’avouer, au volant de 90 % des autos électriques, non seulement, on s’ennuie un peu (beaucoup, passionnément…) mais en plus, les sensations de conduite violemment neutres font qu’elles se ressemble, globalement, toutes. Bref, bienvenue dans le monde aseptisé de la mobilité du futur. Ce n’est pas le cas ici, car la mise au point permet de ressentir une réelle connexion avec l’auto : entre la précision de la direction, le feeling des freins, le compromis remarquable entre confort et tenue de route, les performances très solides (outre le 0 à 100 couvert en 4,1 secondes, l’Emeya atteint 200 km/h en 12 secondes – autant dire que, sans même aller chercher à répliquer ces chiffres, dépasser n’est jamais un problème), prendre le volant de l’Emeya reste un plaisir intense. Notons, sur la version Sport, la présence d’une aérodynamique active (avec l’aileron), de suspensions pilotées et de roues arrière directrices : un pack qui fait plus que porter son nom ! Cerise sur le gâteau : la recharge rapide promise est effective, puisque nous avons récupéré 100 % de batteries le temps (rapide) de se goinfrer d’un burger dans une enseigne bien connue, tandis que sur long parcours, nous avons pu frôler les 400 kilomètres d’autonomie. Pas mal du tout !

Son point fort ?
Fausse Lotus, vraie Lotus, la question ne se pose pas quand on prend le volant de l’Emeya, tant la pertinence de sa mise au point apparaît comme une évidence. Oui, elle est lourde, mais cela ne se sent pas. Oui, elle est luxueuse, mais cela fait partie du segment qu’elle compte attaquer, où règnent les Audi e-tron GT et autres Porsche Taycan. Nul doute que l’Emeya est une concurrente plus que sérieuse !

Les chiffres clé
Moteur : deux moteurs électriques
Cylindrée : –
Puissance : 612 ch
Couple : 710 Nm
Boîte de vitesse : continue
Poids : 2490 kilos
Vitesse maxi : 250 km/h
0 à 100 km/h : 4,1 secondes
Conso officielle / de l’essai : 21,4 kWh/100 / 24 kWh /100
Prix : gamme Lotus Emeya 600 GT à partir de 109 690 €

Le verdict de Stuff
Avoir rêvé d’une Esprit turbo où d’une Exige V6 n’empêche pas de reconnaître l’excellent travail réalisé sur cette Emeya, séduisante dans tous ses aspects. Cerise sur le gâteau : l’exclusivité n’est pas vendue plus chère que la concurrence, au contraire…