Tudor fêtera ses 100 ans l’année prochaine et, si tout se passe bien, la marque pourrait marquer l’événement en rééditant enfin le chronographe Big Block.
L’année prochaine s’annonce exceptionnelle pour Tudor. Un siècle est un cap important pour toute marque horlogère, mais plus encore pour une marque qui, ces dix dernières années, a discrètement (et parfois moins discrètement) prouvé sa capacité à réaliser une horlogerie d’exception sans renier ses valeurs fondamentales. Si Tudor souhaite célébrer dignement son centenaire, les indices sur la manière d’y parvenir sont déjà sous nos yeux.

Commençons par l’évidence même : le chronographe Big Block. Si Tudor ne devait ressortir qu’un seul modèle historique pour son centenaire, ce serait celui-ci. Et surtout, pas une simple réédition. Le véritable intérêt ne réside pas dans la forme du boîtier ni dans le cadran (bien que ces éléments soient captivants), mais dans le mouvement qu’il renferme. En 2023, Tudor avait discrètement dévoilé son savoir-faire avec le Prince Chronograph One, créé pour Only Watch. Cette montre n’a finalement jamais été mise aux enchères, mais ce qu’elle révélait était bien plus important que son boîtier en or.
À l’intérieur, le calibre MT59XX. Un chronographe à roue à colonnes entièrement conçu et développé en interne par Tudor. Pas un Black Bay Chrono équipé d’un mouvement Breitling. Pas un compromis modulaire. Un véritable mouvement de manufacture, avec marquages prototypes, signatures Kenissi, une réserve de marche de 70 heures, un spiral en silicium et la tolérance de -2/+4 secondes propre à Tudor. En bref, Tudor affirmait : nous en sommes capables. Le Big Block est le support idéal pour ce message. Lors du lancement du modèle original en 1976, Tudor a fait un choix judicieux et pragmatique en optant pour le Valjoux 7750. Ce mouvement offrait fiabilité, performance et rapport qualité-prix exceptionnels, valeurs fondamentales de la marque. Près de 50 ans plus tard, ces valeurs demeurent inchangées, mais le savoir-faire de la marque a considérablement évolué.
Une Big Block moderne en acier, animée par une version de série du calibre MT59XX, serait à la fois un clin d’œil au passé et une affirmation de ses ambitions. Si Tudor souhaite un lancement phare pour son centenaire, c’est le moment idéal.

Au-delà des lancements majeurs, une année de centenaire est aussi l’occasion de moderniser le catalogue. Tudor a progressivement et méthodiquement amélioré la ligne Black Bay avec des mouvements certifiés METAS et l’excellent fermoir T-Fit. Couleur par couleur. Modèle par modèle. Une démarche judicieuse, mais un peu longue.
Célébrer un siècle semble être l’occasion idéale de voir les choses en grand. Une refonte complète de toute la gamme Black Bay, avec des mouvements certifiés METAS pour tous les modèles et le fermoir T-Fit de série, soulignerait les progrès techniques considérables réalisés par Tudor.
Il y a ensuite la collection 1926. Souvent négligée, elle n’en est pourtant pas moins l’une des gammes les plus intéressantes de Tudor. Elle arbore littéralement l’année de naissance de la marque dans le nom de ses modèles, et la récente 1926 « Luna » à phase de lune prouve que Tudor n’hésite pas à faire preuve de créativité. Élégante, affirmée et quelque peu inattendue de la part d’une marque surtout connue pour ses montres de plongée, cette collection est un choix évident pour un centenaire.
Pour un centenaire, une 1926 tout or semble une évidence. Ni surdimensionnée, ni ostentatoire, elle incarne simplement une montre habillée en or, chaleureuse et classique, qui privilégie l’héritage à la robustesse d’une montre-outil. Un rappel que Tudor ne se résume pas aux aiguilles « flocon de neige » et aux lunettes de plongée : la marque maîtrise aussi l’art horloger.
Si Tudor réussit son coup, son centenaire ne sera pas une simple célébration de la nostalgie. Il s’agira de montrer l’évolution de la marque. J’ai hâte de voir comment ils vont le fêter.
